Bulle-pensée sélène
Diadème sélène…
Visage sans figure, masque sélène, tu passes au-dessus de mon visage comme un nuage silencieux et tes regards sans yeux pèsent sur mon front comme des couronnes létifères. Tu noues à mes cheveux tes lianes célestes, ornes mon regard de tremblements diaphanes et déposes sur l’ombre de ma face les grappes nacrés de ta grandeur. Tu ceins mon front de ton halo souverain et laisses des flaques parfaites sur ma silhouette nocturne.
Mon corps de nymphe de lune oscille et danse sous ton règne ; ta clémence et ton intransigeance agitent mon cœur papillon devant ton port de reine. Nuée de croissants et de reflets évanescents sous tes feux, je me balance à ta nacelle du bout de mes yeux amoureux.
Tu trônes sur le sommet de mon crâne comme un diadème de lune et de mystère. Ta nudité pare le monde creux et vide que tout indiffère… Diane des cieux ! A ta bouche je viens embrasser ta lèvre chaste, à tes cheveux boire ta crinière de cendres, à ton sein dénudé chercher les secrets que tu me dérobes.
Comme une amante tu baises mon front mais c’est en mère que tu caresses mes cheveux longs. Entends-tu ? Entends-tu le violon de minuit qui s’accorde aux flûtes venteuses pour parler à ton oreille ? Lune-violoncelle, ton timbre est froid de solitude, la voix isolée qui circule dans ton œil bouche l’horizon et enferme ma chevelure grise sous tes ombres.
Tes ombrelles funestes recouvrent les deux bouts de l’infinie, la mer bleue et la mer verte à l’envers. Tu fais taire les étoiles ; ta couronne reste seule à sourire dans la nuit. Tes longs cils d’ivoires se penchent sur moi, clignotent légèrement ; se répandent sur mes prunelles tes poussières de larmes et tes gouttes d’âme.